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gare au théâtre - Page 2

  • Fragments de seduction

    medium_Pschutt-2.jpgOn continuait cette fin d'aprés midi à Gare au théâtre, avec "PSCHUTT ! CA COMMENCE !" par la compagnie Desidela.

    Une parenthèse néo-classique, peut-être bienvenue, entre deux propositions plus audacieuses. Avec une danse en quintet, qui évitait tout dérapage, autour du thème périlleux de la séduction. Sur une ambiance musicale de clavecin baroque troublée de discrets appartés technos. A part cette dernière liberté, et contrairement au programme, rien de contemporain là dedans.

    Ce libertinage façon XVIII° revisité restait très sage d'apparence, et très habillé. Pour que s'en medium_Desidela4.jpgdégage un érotisme d'autant plus efficace, plus en frôlements et en regards intenses qu'en étreintes franches. Difficille de ne pas se laisser gagner par une euphorie légère jusqu'à en ressortir en souriant.

    Pour que le sourire se fige bientôt, tant on est plongé, avec Robert Guiscard- Fragment d'une tragédie, dans la perplexité. Une pièce d'Heinrich von Kleist,tout à fait incompréhensible, et qui plus est inachevée. Et située à Constantinople.

    C'est sans doute pour cette raison que la compagnie T.O.C.entreprend de s'expliquer la pièce devant nous tout en la jouant par morceaux. Nous voilà plongé à nouveau dans l'expérimentation, avec ce procédé du commentaire décalé qui doit être trés tendance-  on nous a déja fait le coup avec Europe et Médée.

    Pourquoi pas, mais à la longue, c'est un petit peu inquiétant: est-on devenu si inculte et obtus, que l'on se sente obligé de nous faire l'explication de texte à chaque fois? Mais la troupe affecte d'éprouver autant de difficultés que nous-même à comprendre les intentions d'Heinrich von Kleist (1777-1811), nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir malgré nous un peu solidaires.

    medium_152500230_8f9ec30eb0.2.jpgSi l'espace est bien délimité- une table en avant scène pour le débat, et le jeu dans un décor au fond- les repères sont vite brouillés. Tout le plaisir viendra des aller retours et des ambiguïtés entre ces deux niveaux du spectacle, au sujet d'un Guiscard dont on parle beaucoup mais qu'evidemment on ne voit pas. Encore qu'à la fin... Mais allez y vous verrez bien.

    La soirée continuait avec Le Projet Babel d'Habaquq & Cie .Cycle engagé de 12 pièces pour évoquer les conflits qui déchirent l'humanité. Bon courage, c'est un vaste programme. On avait les avait vu jouer Jeanne d'Arc au TNO, puis déja 2 morceaux de Babel au même endroit.

    Mais on en avait pas parlé. Ni du premier ni du second. On n'avait pas parlé du premier extrait parce qu'on ne l'avait pas aimé. On avait pas parlé du second non plus- "Liberté pour Grosny"- parce que, pour des raisons précises, on avait été agréablement surpris. Et sans cet effet de surprise, on aurait alors beaucoup moins aimé.

    Donc on continuera à ne pas en parler.

    Et tout ça continue jusqu'à dimanche

    Guy

  • Gare au QCM

    On est retourné à Gare au Théâtre, pour le premier jour de la deuxième semaine de l'anti-Avignon.

    D'évidence placée sous le signe de l'expérimentation. C'était heureusement indolore, mais pas insignifiant pour autant. Première proposition d'Anne Montfort et du Théatre de l'Heure : "Q.C.M. Quel Cas Morceler?". Avec Muriel Bourdeau et Samantha Larriva. Pour cette fois le terme de proposition- employé le plus souvent pour éviter celui trop commun de spectacle- était tout à fait approprié. Notre main innocente fut choisie pour tirer au sort l'ordre des séquences à jouer. Puis on était invité à s'asseoir n'importe où sur le plateau, et à se déplacer à volonté. Et surtout, comme chaque spectateur, on était armé d'une feuille où figuraient 35 actions possibles, pour à tout moment faire exécuter celle de son choix et infléchir le déroulement de la performance.

    Dur de se lancer, mais après on se prend vite au jeu. Certaines consignes étaient claires:"Déplacer Valérie", d'autres très intrigantes: "Sam se rappelle ce qu'elle a vu dans la chambre froide"

    Très honnêtement, on est pas persuadé que cette expérimentation soit de nature à changer l'avenir du spectacle vivant. Ni à bouleverser durablement le rapport des artistes et du public. On était si préoccupé à se demander si et comment intervenir, ou si l'on était assez désinhibé pour se déplacer encore une fois sur le plateau devant tout le monde, on était tant sollicité par toutes les lourdes responsabilités de ce genre, qu'on a manqué beaucoup de ce que la comédienne, la danseuse, la violoniste, la metteuse en scène et l'auteur des textes en direct nous proposaient pendant tout ce temps. On s'est tout de même reconnu dans les descriptions des spectateurs à la fin.

    Mais on a encore moins réfléchi à quel sens donner à tous ces mots et toutes ces actions morcelées. et l'on a pas exploré les rapports entre cette tentative et les travaux des oulipiens. Heureusement ils ont un site internet, on va devoir y faire un tour pour réviser. Mais on a tout de même connu un moment délicieusement étrange, une expérience jamais vécue jusque là. D'un sentiment nouveau et troublant: suggérer que la danseuse tombe, et qu'elle tombe effectivement. 

    Mais ce n'était pas fini, on reparlera de la suite demain, si on a le temps. 

    Guy

  • Fury hard à Vitry

    Chaque mois de Juillet on reste à Paris, exprès pour "Nous n'irons pas à Avignon" à Gare au Theatre, et on va donc à Vitry. Des spectacles toute la journée, des chaises longues le long de la voie ferrée, mais pas un train qui ne passe et rien dans l'air pour nous presser.

    On s'est quand même levé pour aller voir "MurMurs" de la compagnie Furymoon, dirigée par Miguel-Angel Ganiko. On voit l'homme et l'on croit deviner plus qu'un grain de folie. Folie buto, c'est une belle promesse. Mais on voit le spectacle, et la folie en reste là. Perdue sur un plateau immense. De beaux moments mais qui se dissipent dans l'instant qui suit, sans que l'on puisse vraiment imaginer bouts après bouts quelle histoire peut être racontée. Danse et "théâtre ultra-baroque", selon la feuille de scène? Mais alors, et contrairement aux intentions affichées, un théâtre qui pèche par manque d'excès. 

    On a poursuivi dans un tout autre genre avec "Hard Copy" d'Isabelle Sorente. Quatre femmes qui parlent dans un bureau: on pouvait craindre le pire. Et on a été pris d'un frisson horrifié au soupçon que l'on était peut être en train de regarder du café-théâtre. Mais on a choisi sagement de considérer la situation autrement, et tant mieux. On a pu donc savourer la mise en scène de la cruauté ordinaire, la vision pessismiste et réconfortante de personnages littéralement pensés par leurs répliques, que leur dicte le triste air du temps.

    Après, dans le même esprit, et comme chacun, on a vu la demi-finale.

    Guy